Haïti, la déchirure

  Dans la jungle urbaine de Port-au-Prince, il faut parfois plus de deux heures pour atteindre le quartier de Sapotille situé dans l'immense commune de Carrefour. Dans cette commune dortoir, dont la population est estimée à 500 000 habitants, 50% des bâtiments ont été détruits par le séisme de janvier 2010. Cinq ans après la catastrophe,  un immense chaos s’est pérennisé dans le dédale de ces quartiers sinistrés, accrochés aux flancs de la montagne. Un sentiment domine, les communautés semblent abandonnées à leur sort,  comme coupées du reste du monde, sans rencontrer un seul représentant de la ville ou de l’État. Dans ce cauchemar urbain, au cœur de cette confusion désespérante, on y croise, le désespoir, la défiance de la population vis à vis des autorités corrompues, mais aussi la grâce et l’élégance, la foi dans la solidarité et le partage de quelques communautés qui se sont agrégées, parfois soutenues par des ONG.

 In the urban jungle of Port-au-Prince it can sometimes take as long as two hours to get to the Sapotille quarter in the vast Carrefour commune. In this residential commune that has a population of an estimated 500,000 people, 50% of the buildings were destroyed in the earthquake in January 2010. Five years after this disaster chaos reigns in the maze of streets of this disaster stricken quarter and the feeling prevails that these communities have been left on their own, cut off from the rest of the world, with no representation from the city or the government. In this urban nightmare, in all this terrible confusion can be found a certain defiance by the locals towards the corrupted authorities, a grace and elegance, faith in solidarity and the pulling together of several communities, sometimes supported by the NGO’s.